auteurs antiques. En 1549, Joachim du Bellay dans sa Défense et
illustration de la langue française, condamnait les farces populaires
et souhaitait «restituer comédies et tragédies dans leur ancienne
dignité».Jean de La Taille, auteur en 1562 d’un imposant Saul le
Furieux, renchérissait en souhaitant que l’on écrive des comédies
«faites au patron, à la mode et au portait des anciens Grecs et
Latins».
La langue latine réservait néanmoins ces spectacles à un
auditoire éclairé, comme le démontre en 1502 cette réaction à une
représentation d’une pièce de Térence à Metz, où le publec populaire
s’en prit violemment aux acteurs, car il ne comprenait rien.
Paradoxalement, alors que les temps troublés réduisaient en peau
de chagrin l’expression du théâtre populaire, les représentations se
multipliaient dans les collèges qui y trouvaient le mouen d’illustrer
leurs prises de position sur la Réforme. Et c’est Henri IV qui mit le
holà à toute cette hardiesse par un arsenal de règlements
universiraires.
III. Le Classicisme
Les scènes parisiennes
En France, l’éclosion d’un véritable théâtre fut plus tardive
qu’en Italie, qu’en Espagne ou qu’en Angleterre. Alors que Shakespeare
ou Lope de Vega avaient déja disparu, la scène française se résumait
encore pour l’essentiel aux exhibitions des comédiens itinérants que
Scarron a si bien décrits dans le Roman comique.
Les choses commencèrent à évoluer quand Louis XIII accorda le
titre de Troupe Royale à la compagne itinérante de Valleran Lecomte. A
Paris, la troupe de Lecomte se produisait à la salle de l’Hôtel de
Bourgogne, rue Mauconseil, où jouaient également les Comédiens
Italiens, tandis qu’une autre troupe, celle de Mondory, s’installait à
la salle du Jeu de Paume, appelée aussi salle du Marais. Ce fut
néanmoins Richelieu qui, passionné par le théâtre, donna l’impulsion
nécessaire afin qu’il devienne un véritable «art noble». Il fut
équiper un troisième théâtre au Palais-Caudinal, qui prendra ensuite
le nom de Palai-Royal, et enfin celui de Comédie-Française.
Corneille
Pierre Corneille naquit à Rouen en 1606, dans une famille de
fonctionnaires royaux. Il fut reçu avocat en 1624 mais se tourna
rapidement vers la carrière dramatique. Quelques comédies et tragi-
comédies ke firent remarquer par Richelieu. Recruté, donc, par le
Premier ministre, Corneille poursuivit cependant son oeuvre
personnelle. En 1635, Médée fut un échec,mais vint en 1636 l’éclatant
succès du Cid.
Corneille proposait aux spectateurs de son temps l’illustration
d’une véritable éthique, celle d’une exaltation de l’honneur et des
valeurs aristocratiques.
Le Cid reste la meilleure pièce de Corneille, et sa fougue
romanesque continue de lui assurer une éternelle jeunesse. Corneillle
ne s’était pas toujours plié aux règles classiques. Il amait les
grandes histoires, les beaux sujers, et leur accordait pkrs
d’importance qu’à l’étude des caractères.
A la demande du surintendant Fouquet, il reprit cependant la
plrme en 1659 pour donner un Oedipe, et rédigea en 1661 La Toison
d’or, grand spectacle avec machineries donné à l’occasion du mariage
de Louis XVI avec l’infante Marie- Thérèse.
Mais la gloire montante de Racinelui faisait de l’ombre, et
l’opposition entre les deux auteurs culmina en 1670 avec les
représentations très attendues, à huit jours d’intervalle, de deux
pièces sur le même sujet. La perfection du Bérénece de Racine
l’emporta sur le Tite et Bérénice d’un Corneille vieillissant.
Un peu éclipsé, il garda néanmoins la faveur du Roi dont il
avait toujours servi la gloire. En 1682, il donna une édition complète
de son théâtre, avant de mourir en 1684.
Molière
Jean-Baptiste Poquelin naquit à Paris en 1622. Il reçut chez les
Jéduites une éducation bourgeoise. Avec Madeleine Béjart et ses amis,
il créa en 1643 l’Illustre Théatre et pri le nom de Molière. Bientôt
encouragé par ses amis, li se mit à des farces. Mais la troupe, dont
il avait pris la tête en 1650, jouait également les tragédies de
Corneille et des auteurs de l’époque.
En 1658, les comédiens revinrent à Paris. Pris en charge par
Monsieur, le frère du Roi, ils furent alors placés au Peutit-Bourbon,
près du Louvre.
En 1659, Molière innova en faisanrt la satir des salons
littéraires qui devenaient à la mode. Ce furent Les Précieuses
ridicules, qui provoquèrent de profondes polémiques: le théâtre
pouvait-il se faire le portrait de la vie?
Comme le Petit-Bourbon allait être détruit pour que soit
réalisée la colonnade du Louvre, la troupe avait déménagé pour le
Palais-Royal que la mort de Richelieu acait laissée sans affectation.
L’école des maris (1661) revint dans les préoccupations de
l’époque, mais c’est L’école des femmes en 1662 qui souleva une
nouvelle vague d’indignation à la Cour et à la ville.
Fort de la faveur de Louis XVI, Molière osa Le Tartuffe (1664),
Dom Juan ou le Festin de pierre(1665) et Le Misanthrope(1666).
Molière s’était rabattu sur une farce, Le Médecin malgré lui
(1666), puis sur une comédie, Amphitryon (janvier 1668), qui obtint un
vif succés; George Dandin (juillet 1668) eut moins la faveur du
public, et L’Avare (septembre 1668) fut un échec. Pour les fêtes de la
Cour, il écrivit alors trois comédies-ballets, Monsieur de
Pourceaugnac (1669), Les Amants magnifiques (1670) et Le Bourgois
gentilhomme(1670). La peinture des travers ridicules prenait les pas
sur la satire.
La plus grande apporte de Molière au métier théâtral lui-meme
fut d’avoire su transcender la comédie et la pastorale pour aboutir au
spectacle complet de la comédie-ballet, ce qui, plus tard, allait
favoriser l’éclosion de nouvelles formes de spectacle. Mais l’histoire
du théâtre retient évidement surtout ses grandes comédies, celles de
la description des comportements sociaux. Et même si, comme dans Dom
Juan, le sujer n’est pas toujours de lui, son apport est tel qu’il
semble toujours le faire renaître.
Racine
Lorsque parut Jean Racine (1639-1699), toute la vie de cour
s’était centralisée autour de Louis XIV, et le jeune poète ,’aura de
cesse que d’assurer sa réuissite auprès du Roi-Soleil. Son théâtre
s’enferma dans un univers essentiellement aristocratique, mais il
n’endemeure pas moins la forme la plus accomplie de toute l’expression
classique.
Fils d’un contrôleur de grenier à sel, Racine fut pris en charge
par sa grand-mère, qui le fit élever dans l’ambiance très particulière
de Port-Royal, et dans des collèges également tenus par des
Jansénistes. Il recherchait la protection des grands, et tenta
d’attirer l’attention du Roi par des poèmes à sa plus grande gloire.
En 1664, il fit représenter La Thébaide par la troupe de Molière au
Palais-Royal, puis Alexandre en 1665. Il se brouilla cette année-là
avec Molière, passa à l’hôtel de Bourgogne où sa maîtresse Thérèse Du
Parc, comédienne chez Molière, le rejoignit pour créer Andromaque en
1667. Suivirent trois autres chefs-d’oevres dramatique, Britannicus
(1669), Bérénice (1670), Phèdre (1677), et son unique comédie, Les
Plaideurs (1668).
En 1667, Louis XIV le nomma «historiographe du Roi». Il fit un
mariage convenable, devint directeur de l’Académie française.
C’est à ce souce d’exactitude que le théâtre de Racine doit son
accent de vérité dans l’analyse des personnages, qui est le reflet
d’une interrogation plus profonde sur la condition humaine. Et,
derrière la masque du cynique arrivist, se révèle le visage plus
douloureux d’un véritable grand dramaturgue.
IV. Le XVIIIe siècle
Le théâtre des lumières
L’homme qui ouvrit de nouveaux horizons au théâtre français ne
fut pas un très bon dramaturge; mais il sur rèfléchir sur le théâtre
comme personne ne l’avait fair jusque-là, et poser les bases
dramaturgie.
Examinant les différents types de théâtre Diderot fit la
différence entre le burlesque, le genre comique, le genre sérieux, le
genre tragique, et le merveilleux. En anoblissant des sujets
bourgeois, en proposant d’orienter le théâtre vers des portraits de
société, il dégageait clairement une tendance qui s’était amorcée avec
la comédie italienne de Machiavel et L’Arétin, qui avait touché Lope
de Vega dans ses drames sociaux, Molière sans des pièces comme George
Dandin.
Le théâtre de Diderot, Le Fils naturel (1757), Le Père de
famille (1758), Est-il bon?(1771) fut trop démonstratif pour être
véritablement intéressant, mais sa réflexion entraina une prise de
conscience dans les milieux du théâtre.
Beaumarchais
Enfin, arriva celui qui allait porter l’art de la comédie au
niveau d’un véritable pamphlet,et qui, témoignant des idées
séditieuses de son temps, annonça la proche Révolution française.
Pierre-Aguctin Caron (1732-1799), aui prit par la suite (par sa
femme) le nom de Beaumarchais, était avant tout un homme actif. Il fut
l’inventeur avant vingt ans de l’échappement d’horlogerie, devit agent
secret, fit un négoce d’armes avec les insurgés américain. Débordant
de vie et d’énergie, il entama de surcroît une carrière littéraire
avec des comédies sérieuses, avant d’oser en 1774 Le Barbier de
Séville ou La Précaution inutile, interdit par la censure, et que
Louis XVI n’autorisa l’année suivanre que dans une version remaniée.
En 1781, Beaumarchais avait terminé la suite du Barbier, qu’il
avait ontitulé Le Mariage de Figaro ou La Folle Journée. La première
représentation publique, le 27 avril 1784, fut l’une des plus
mémorables soirées de l’histoire du théâtre en France.
En 1789, Beaumarchais fut néanmoins considéré comme un
aventurier servile et un arriviste corrompu. Il échappa de peu à la
mort, s’installa à l’étranger, ne revint en France qu’en 1796, proposa
au gouvernement de percer l’isthme de Panama, avant de mourir en 1799.
Le Mariage de Figaro fut la dernière grande pièce de l’Ancien
Régime, et la première de tout le théâtre moderne.
Le théâtre de la Révolution
La Renolution française entraîna la multiplication des salles de
spectacle et l’écriture de centaines de pièces de toutes sortes. Un
décret de 1791 donna à toute personne le sroit d’ouvrir un théâtre et
de faire représenter les peèces de son choix. Libérés de la censure,
le répertoire des théâtres s’engagea jusqu’au vertige dans tous les
genres. Quand aux révolutionnaires, ils envisageaient avec
enthousiaime les possibilités didactiques du spectacle.
Le public commença par se ruer pour voir les pièces jusque-là
interdites, commme le Charles IX ou la Saint-Barthélemy de Marie-
joseph Chénier, les pièces qui dénonçaient les scandaleux internements
dans les couvents.
En 1793, le Comité de Salut Public resserra considérablement les
libertés du théâtre. Ne subsistaient que les spectacles autoricés, et
des représentations gratuites hebdomadaires des: «tragédies de Britus,
Guillaume Tell, Caius Graccus et autres pièces dramatiques qui
retracent les glorieux événements de la Révolution et les vertus des
défenseurs de la Liiberté».
La Révolution française ne trouva pas son dramaturge. Pendent
dix ans, les Français avaient été les propres acteurs d’un drame
national. Et c’est à l’étranger qu’étaient apparues, pendant ce temps-
là, de nouvelles formes d’écriture dramatique.
Le Romantisme
Le Romantisme se targua de trop nombreuses paternités, se
diversifia de telle façon et eut une descendance suffisamment
embrouillée pour qu’il ne soit pas légitime de se demander ce qu’il
avait vraiment, a l’origine, cherché à représenter.
Le Romantisme, en fait, naissait de la confrotation entre
Shakespeare et Corneille. On admirait chez le premier son audace, son
lyrisme, ses puissants portraits de personnages, sa liberté de
compositoin, son mélange de genres. Mais l’on souhaitait conserver du
second une certaine forme esthétique, une théâtralité somme toute
assez formelle, un sens de l’épopée et une grandeur sublime des
personnages. S’y ajoutaient à l’époque un sentimentalisme assez
exacerbé, un goût prononcé de l’extravagance des situations, et une
petite pointe de rejet pour le genre sérieux. Dans ce dessein vague
d’une nouvelle théâtralité, qui n’était pas non plus sans apparaître
comme une forme noble des mélodrames populaires, de jeunes auteurs
allaient jeter tout leur talent et toute leur fougue de modernes,
contre les anciens, gardiens du temple du Classicisme.
V. Le Romantisme au XIXe siècle
Napoléon et le théâtre
Napoléon amait le théâtre, et il aurait bien voulu lui donner
une importance digne de son règne. A sa manière, il lui accorda une
attention toute particulière. Il commença en 1806 par réduire à huit
le nombre des théâtres de Paris, et à en contrôler sévèrement le
répertoire. Il avait ses préférences, mais aussi ses haines tenaces,
et ses goûts allaient dans l’ensemble vers le théâtre de Corneille,
chez qui «les Grands Hommes sont plus vrais que dans l’histoire». Il
aimait assez bien l’opéra, n’appréciaitpas la comédie,et trouvait que
les drames étaient «des tragédies pour femmes de chambre».
Il aurait aimé que son règne fut marqué par un grand dramaturge,
s’intéressa un temps à Lemercier, puis à François Raynouard (1761-
1836), qui avait attiré les foules en 1805 avec une plate tragédie,
Les Templiers. Alas, ses efforts ne furent pas couronnés de succès.
Victor Hugo
Victor-Marie Hugo (1802-1885) était le fils d’un général de
Napoléon. Ses plus grandes oeuvres étaient déja en gestation, mais
c’est vers le théâtre qu’il se tourna en 1827 avec Cromwell. La pièce
était injouable, mais la préface fit l’effet d’une bombe; Hugo y
Ñòðàíèöû: 1, 2, 3
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