Mais l’avenir s’assombrit pour celui qui n’est pas parvenu  à  absorber  les 
grains ou qui les a recrachés. 
    Il est bon de casser le verre dans lequel  on  a  bu  du  champagne  au 
moment du changement d’année : «On dit ainsi que l’on rompt  avec  l’ancien, 
que l’on est ouvert à  la  nouveauté,  à  la  régénération».  On  recommande 
parfois d’ouvrir la porte quelques minutes avant  minuit  pour  permettre  à 
l’esprit de l’année passée de partir et de ne pas  dire  de  mal  des  douze 
mois écoulés avant le  changement  d’année.  En  règle  générale,  pour  que 
l’année soit bonne, la première personne que l’on voit  doit  être  de  sexe 
différent. Il faut toujours porter le 1-er janvier un vêtement  neuf  ou  du 
moins un nouvel accessoire. 
    Il faut savoir que ce que vous faites un 1-er janvier, en  bien  ou  en 
mal, vous marquera pour toute  l’année.  Si  l’on  est  actif  ou  de  bonne 
humeur, on le restera mais si l’on pleure ce jour-là, on le  fera  également 
jusqu’au nouvel an suivant. 
    Se lever de bon matin ce jour attire la prospérité ; casser un verre au 
réveil, sans le vouloir, ou renverser sa boisson sur la nappe  au  cours  du 
repas, promet également une bonne année. 
    Balayer le jour de l’an porte malheur car cela équivaut à  «balayer  sa 
chance». Il ne faut rien  jeter,  même  de  l’eau  sale.  Faire  la  lessive 
entraîne la mort d’un membre de la famille avant la fin de l’année ou  celle 
de la personne à qui appartiennent les vêtements. 
    Une tradition générale veut que les douze  premiers  jours  de  l’année 
indiquent le temps qu’il fera  chaque  mois  (si  le  2  janvier  est  beau, 
février sera beau, si le 3 est pluvieux, mars sera pluvieux, etc.). 
Epiphanie 
    L’Epiphanie, du mot grec epiphaneia, « apparition »,  qui  célébrait  à 
l’origine la Nativité, honorait au XV  siècle  le  souvenir  du  baptême  du 
Christ mais aussi son premier miracle (eau  changée  en  vin  aux  noces  de 
Cana), et enfin l’adoration des Mages. C’est  cette  dernière  commémoration 
qui perdure aujourd’hui. 
    L’Epiphanie fut longtemps fêtée le 6 janvier et tombait au lendemain de 
la période passant pour  magique  des  douze  jours  après  Noël.  Elle  fut 
considérée longtemps comme la date du solstice d’hiver  et  donnait  lieu  à 
d’importantes célébrations religieuses. La  fête  des  rois  correspond  par 
ailleurs au début du carnaval. 
    La tradition de la fève  des  rois  pourrait  etre  d’origine  païenne. 
Certains y voient  une  transposition  des  Saturnales  romaines,  fêtes  en 
l’honneur  de  Saturne  qui  donnaient  lieu  ç  des  réjouissances  et  des 
banquets, au cours desquels on tirait au sort un roi avec de vraies  fèves : 
tous, maîtres et esclaves, riches et pauvres, devaient lui obéir. 
    Malgré les efforts de l’Eglise pour faire disparaître  toute  trace  de 
paganisme, la coutume des rois subsista chez les chrétiens. 
    Selon la tradition, c’est le plus  jeune  garçon  de  l’assistance  qui 
monte sur la table, ou plus généralement se cache dessous. Le  « président » 
des convives (presque toujours la personne la plus âgée) coupe  chaque  part 
du gâteau ou galette et demande à l’enfant de  désigner  celui  à  qui  elle 
doit revenir. La première  tranche,  qui  est  « pour  le  bon  Dieu »,  est 
toujours mise de coté pour etre donnée au pauvre  qui  se  présenterait.  On 
prétendait que ne pas donner l’aumône aux pauvres qui mendiaient le soir  ou 
le lendemain des rois portait préjudice aux récoltes. 
    Heureux celui qui obtient la fève. Dès le XIII siècle  au  moins,  elle 
avait la réputation de porter bonheur et d’attirer les  faveurs  du  roi  ou 
des dignitaires de la  Cour.  La  conserver  dans  sa  poche  protège  toute 
l’année. 
    Les enfants qui ne participaient pas au tirage des Rois étaient menacés 
d’etre tourmentés et jetés  à  terre  par  le  diable.  Dans  de  nombreuses 
régions, un morceau du gâteau des Rois protégeait du tonnerre. 
    L’Epiphanie est une date propice à de nombreuses  pratiques  magiques : 
une jeune fille qui veut voir son futur mari en rêve doit,  à  minuit  pile, 
mettre sous son traversin un miroir sur lequel elle a  placé,  en  forme  de 
croix, une paire de bas de soie noire, et un papier comportant  le  jour  et 
l’heure de sa naissance (à écrire  avec  une  plume  attachée  au  quatrième 
doigt de la main gauche). Elle se déshabille alors,  pose  un  pied  sur  le 
bord du lit, lequel doit etre en bois, et dit : 
    Je inets le pieds sur l’anti-bois ; 
    Je me couche au nom des trois Rois, 
    Je prie Gaspard, Melchior et Balthazar 
    De me faire voir 
    En mon dormant 
    Le mari que je dois avoir 
    En mon vivant. 
    Si elle a pris le soin de se coucher sur le coté gauche,  elle  reverra 
de celui qui lui est destiné. 
    Dans toute l’Europe, les morts reviennent sur terre pendant la nuit des 
Rois, et c’est pour éloigner les  fantômes  qu’on  recommande  de  faire  du 
vacarme la veille de l’Epiphanie. 
Chandeleur 
    La fête  de  la  Présentation  de  Jésus-Christ  au  Temple  et  de  la 
Purification de la Vierge Marie a  pris  le  nom  de  Chandeleur  (du  latin 
candelarum, de festa candelarum ou « fête des chandelles ») car ce  jour-là, 
durant l’office, les fidèles tiennent des cierges  à  la  main.  Ce  rite  a 
remplacé une coutume païenne : au mois de février, à  l’occasion  des  fêtes 
annuelles en l’honneur des  morts.  Ce  jour  était  aux  yeux  des  Romains 
impropre au mariage. On retrouve cet élément dans les croyances modernes  au 
sujet de la Chandeleur. 
    Les cierges bénis à la Chandeleur, autrefois précieusement conservés ou 
accrochés derrière  la  porte  de  la  maison,  étaient  pour  leurs  vertus 
protectrices (contre les maladies ou les douleurs, la tempête, l’orage,  les 
mauvais esprits, les sorcières, etc.). Une fois qu’on avait  fait  bénir  le 
sien à la messe, on l’allumait et on le  rapportait  chez  soi,  en  prenant 
garde à ce qu’il ne s’éteignit  pas :  c’était  un  heureux  présage,  alors 
qu’en cas inverse la personne qui le tenait mourait dans l’année. 
    La Chandeleur est en outre caractérisée par le rite des crêpes. Il y  a 
une hypothèse que la Chandeleur est marqué par la nouvelle lune :  c’est  la 
nuit noire, le ciel reste obscur. Temps d’angoisse donc, qu’il  convient  de 
tromper par le rire magique, mais aussi par des rites,  comme  celui  de  la 
crêpe que l’on fait sauter dans la pole ou place  au-dessus  d’une  armoire, 
et dont on peut se demander si  elle  n’est  pas  un  substitut  de  l’astre 
nocturne. 
    Etant consacrée à la Vierge, la fête de la Chandeleur est  censée  etre 
propice à l’amour : elle favorise les opérations destinées à  rêver  de  son 
futur époux. En Franche-Comté par exemple, les  jeunes  gens  faisaient  une 
neuvaine à la chapelle de Marie : tous les jours  jusqu’à  la  veille  du  2 
février, ils assistaient à la première messe et à la prière du  soir,  puis, 
dans leurs chambres, dressaient une table avec deux couverts, sans  couteaux 
toutefois, avec le linge le plus  blanc,  le  plus  fin  et  la  plus  belle 
vaisselle. Deux morceaux  de  pain  bénit  étaient  placés  près  de  chaque 
assiette, un peu de vin versé dans chaque verre, et deux brins d’un  arbuste 
au feuillage vert et deux branches de buis bénit disposés en croix  ornaient 
le milieu de la table. Alors on ouvrait la porte au large  pour  le  convive 
attendu, puis on s’asseyait à table en adressant une  prière  à  la  Sainte- 
Vierge. Après avoir mangé un morceau du pain bénit et bu le  vin  versé.  On 
se couchait. La jeune fille devait rêver de celui qui lui était  destiné  et 
le jeune homme de sa future compagne. Celles qui  voyaient  des  processions 
de  nonnes  entraient  au  couvent ;  celles  qui  devaient  mourir   jeunes 
assistaient à leur propre enterrement. 
    Si le soleil brille le 2 février, il se cachera encore longtemps  après 
cette date et l’hiver se  prolongera  six  semaines  ou  quarante  jours.  A 
l’inverse, la pluie de la Chandeleur marque la fin de  la  mauvaise  saison, 
d’où le dicton : 
    Si à la Chandeleur le temps est sec et beau, 
    La moitié de l’hiver est encore sur l’eau ; 
    Si à la Chandeleur le temps est arrosé, 
    A la Noël, l’hiver est presque passé. 
    S’il pleut ce jour-là, on promet également beaucoup d’?ufs, de lait, de 
cire et de miel. 
 Mardis Gras 
    Le carnaval, qui débute à l’Epiphanie et s’achève au  carême,  est  une 
période réservée aux divertissements et pendant laquelle la consommation  de 
viande est permise. Dans le folklore, il s’identifie généralement au  mardis 
gras, appelé fréquemment « jours du carnaval », car ce  sont  les  dernières 
réjouissances et festivités avant le jeûne. 
    Les  défilés  de  personnes  déguisées  ou  masquées  caractérisent  le 
carnaval. Ces mascarades ne sont pas sans rappeler  celles  des  Anciens,  à 
l’occasion de certaines fêtes. Dans quelques régions,  on  déconseillait  de 
porter un masque pendant le carnaval parce que le diable  a  souvent  enlevé 
des jeunes gens qui s’étaient déguisés.  Autrefois,  les  jeunes  gens  n’en 
portaient pas moins « des masques grotesques figurant souvent des  têtes  de 
mort. C’est que les morts avaient été  associés  aux  veillées  durant  tout 
l’hiver.  Des  morts  dont  on  se  sentait  solidaires   et   qu’on   avait 
apprivoisés. Telle est l’origine du  carnaval :  son  roi  est  le  bonhomme 
Hiver que l’on brûlera en ce jour de la fin de l’hiver.  Commence  alors  un 
temps de purification et de préparation au printemps : le carême ». 
    Outre les déguisements et les processions, le carnaval est un  jour  de 
liesse : le rire est non seulement autorisé mais largement conseillé car  il 
a une fonction  d’exorcisme  (il  conjure  démons,  sorciers  et  fantômes). 
Ainsi, le carnaval apparaît-il comme symbole de la régénération  de  l’homme 
et de la nature, du triomphe sur la mort et les maladies,  à  la  veille  du 
renouveau printanier. 
    Le jet des confettis (qui se sont substitués aux  ?ufs  crus)  lors  du 
carnaval de Nice avait l’origine valeur de purification. Danser le  jour  du 
mardis gras assure la prospérité du chanvre, des raves et des navets. 
    La tradition consistant à manger des crêpes à mardis gras, ou à un jour 
gras (dimanche, lundi, mardis gras), qui, pour certains, est une  survivance 
des festins que l’on faisait autrefois (c’est-à-dire à l’époque où la  jeûne 
du carême était respecté), porte bonheur et attire l’argent. 
    Les os restant du repas de la fête du mardis gras avaient  (le  pouvoir 
d’empêcher les  renards  de  dévorer  les  poules.  Il  suffisait  de  faire 
plusieurs fois le tour du  poulailler  avec  ses  os  et  de  les  semer  au 
troisième ou  quatrième  tour.  Pour  l’efficacité  de  l’opération,  il  ne 
fallait être vu de personne. On aura de nombreux ?ufs si, le mardi gras,  on 
donne à manger aux poules dans  un  cercle  (de  tonneau  par  exemple).  La 
semaine précédant mardi gras, faire la lessive entraine une mort. 
Pâques 
    Pâques, qui commémore la résurrection du Christ, est la  fête  la  plus 
ancienne et la plus importante chez  les  chrétiens.  Le  concile  de  Nicée 
(325) l’a fixée au premier dimanche suivant la pleine lune après  l’équinoxe 
du printemps (21 mars). Le rite pascal  a  des  antécédents  païens :  c’est 
Eastre, la déesse du printemps  et  de  la  Renaissance  de  la  nature  des 
Saxons, qui a donné le mot Easter (Pâques en anglais).  Cette  déesse,  dont 
la fête coïncidait avec l’époque de la célébration des  Pâques  chrétiennes, 
avait le lièvre pour attribut, d’où la tradition du lièvre ou  du  lapin  de 
Pâques qui apporte aux enfants  les  ?ufs.  Sous  l’impulsion  des  premiers 
missionnaires qui tentaient de convertir les Germains installés au  nord  de 
Rome, Pâques, au IIe siècle, prit la place de la fête d’Eastre. 
    Les  feux  de  Pâques,  allumés  dans  certains  régions   montagneuses 
d’Allemagne,  autour  desquels  on  se  rassemblait  pour  chanter,  peuvent 
également passer pour une survivance de rituels  païens  saluant  l’équinoxe 
du printemps et honorant le soleil : « Les feux  de  Pâques  symbolisent  le 
triomphe  de  la  lumière  sur  les  ténèbres.  Les  anciens  Germains   les 
allumaient en l’honneur de Thor, qui leur ramenait le printemps ; quand  ils 
étaient  éteints,  leurs  prêtres  en  recueillaient  les  cendres  et   les 
répandaient sur les champs afin de les rendre fertiles ». 
    Ce jour saint donne lieu à des prodiges : selon une tradition commune à 
la plupart des pays d’Europe, le Soleil, à son lever, danse,fait des  bonds, 
pour saluer la résurrection du Christ. 
    Les  ?ufs  de  Pâques,  distribués  traditionnellement   aux   enfants, 
passaient, aux yeux de ces  derniers,  pour  avoir  été  rapportés  par  les 
cloches le samedi saint, de Rome où  ils  avaient  reçu  la  bénédiction  du 
pape. On les faisait d’ailleurs souvent bénir par le curé, à l’issue  de  la 
messe. Le fait que Pâques soit la fête des ?ufs doit sans doute son  origine 
au  carême,  période  pendant  laquelle  l’Eglise,  dès   le   Ive   siècle, 
interdisait de manger des  ?ufs,  ce  qui  était  autrefois  scrupuleusement 
observé. Comme on ne pouvait empêcher les poules de pondre, on  se  trouvait 
avec une abondance d’?ufs à Pâques et il fallait les cuire pour ne  pas  les 
perdre. 
    La distribution des ?ufs aux enfants est toutefois relativement récente 
en France : pour certains, la coutume serait née en Alsace vers  la  fin  du 
XVe siècle d’où elle se serait  répandue  dans  toute  l’Europe.  Depuis  un 
siècle environ les ?ufs en chocolat sont apparus. 
    L’?uf, d’où est né le monde, selon de nombreuses civilisations, est  un 
symbole  de  renaissance  périodique  de  la  nature,  ou   en   résumé   de 
résurrection. De plus, selon la légende, Simon de Cyrène qui avait  aidé  le 
Christ à porter sa croix sur  le  chemin  du  Calvaire,  était  un  marchand 
d’?ufs. Le fait de teindre les ?ufs (ou de les peindre) ne répondait  pas  à 
un seul souci esthétique en s’appuyant sur le fait que la couleur rouge,  en 
général utilisée jadis pour  les  ?ufs  de  Pâques,  était  apotropaïque  en 
Europe (à l’image du bleu en Orient). Les  ?ufs  de  couleur  rouge  étaient 
considérés également comme un hommage au sang versé par le Christ. 
    Manger ces ?ufs le jour de Pâques, ce qu’on était supposé  faire  avant 
toute nourriture, passait pour sanctifier le corps : ils devaient donner  la 
santé et promettaient  une  année  heureuse.  Offrir  des  ?ufs  de  Pâques, 
surtout ceux de couleur rouge, et notamment aux enfants leur porte bonheur. 
    Boire à Pâques un seau d’eau bénite du jeudi saint mettait à l’abri des 
morsures de serpent. Selon une croyance du Moyen Age, jeûner au  pain  et  à 
l’eau préservait de  la  fièvre  et  des  maux  de  dents.  Le  jour  de  la 
Résurrection est bénéfique pour une naissance. Dans  de  nombreuses  régions 
de l’Europe, porter un vêtement neuf le dimanche de Pâques porte  chance  et 
met à l’abri pour  un  an  des  fientes  d’oiseaux.  Pour  comprendre  cette 
superstition, il faut se rappeler qu’autrefois, pendant le carême, on ne  se 
lavait pas mais on s’aspergeait de cendres en signe de pénitence. A  Pâques, 
on pouvait enfin  changer  ses  vêtements.  A  cette  occasion,  arborer  de 
Ñòðàíèöû: 1, 2, 3 
   
 |